Après la tarification énergétique, les sénateurs communistes ont fait capoter le projet de programmation budgétaire. Pour enfin être écoutés ???
Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, et Éliane Assassi, présidente du groupe communiste au Sénat
Et de deux. Après le texte sur la tarification énergétique cher à Delphine Batho, les sénateurs communistes ont dit non à Pierre Moscovici et à son projet de loi de programmation des finances publiques pour les cinq ans à venir. Ce n’est probablement pas fini : les pistes envisagées pour tenter d’équilibrer les comptes de la Sécurité sociale ne semblent pas plus leur convenir. Les votes négatifs se succèdent donc, la droite en fait ses choux gras, et nombre d’observateurs ne retiennent qu’une chose : les élus PCF du Sénat unissent leurs voix à celles de l’UMP et des centristes.
« Des partenaires »
Une analyse superficielle qui fait hurler les responsables communistes, Éliane Assassi la première. La présidente du groupe PC au Sénat ne cesse, depuis des semaines, d’expliquer la position qu’elle a adoptée avec ses amis. À savoir demeurer fidèle aux aspirations de ceux qui ont porté la gauche au pouvoir. « La politique mise en œuvre n’est pas celle attendue par les Français. Les gens espéraient mieux », dit-elle, mettant l’accent sur le fait que les communistes ne sont pas écoutés par la majorité gouvernementale. « Mettons-nous autour d’une table, discutons, nous sommes des partenaires, nous devons être reconnus comme tels », plaide-t-elle.
Olivier Dartigolles, le porte-parole du PCF, est encore plus clair. « Quand ça ne va pas, nous ne disons pas un non buté, nous proposons toujours une amélioration du texte. En face, la réponse est toujours la même : impossible. Je prends l’exemple de la tarification de l’énergie. Sur la plupart des points, nous étions d’accord, mais pas question pour nous de mettre fin à la péréquation. Nous avons demandé de retravailler ce sujet avec les usagers, nous nous sommes heurtés à un refus. Toujours cette attitude dogmatique gouvernementale alors que, dans le même temps, une oreille attentive est tendue vers les lobbys patronaux. »
On comprend aisément, au fil de la discussion, que le seul et unique problème a trait à la politique mise en place. « Quand on est de gauche, on ne touche pas à la TVA alors que les revenus financiers »pètent » les plafonds », poursuit Olivier Dartigolles, qui dit « toujours attendre une belle loi pouvant être un symbole en termes de justice sociale ». Et de rêver à un texte interdisant les licenciements boursiers.
« Des ayants droit »
« Qu’on ne vienne pas me dire que nous parions sur un échec du gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Au contraire, nous aurions trop à craindre du retour d’une droite revancharde. Ce que j’attends, c’est que soit menée une politique pour laquelle nous avons voté. Que personne n’oublie que nous appartenons à la majorité ayant permis de dégager Sarkozy. Comme l’affirme Mélenchon, nous sommes des ayants droit ! »
S’il en est un que les bisbilles actuelles avec le Parti communiste n’étonnent pas, c’est bien le Landais Alain Vidalies, ministre des Relations avec le Parlement. « La position des élus PCF est respectable et cohérente, estime-t-il. Cohérente, parce que le PCF a refusé d’entrer au gouvernement. Si les mots ont un sens, cela signifie que ses élus ne sont pas membres de la majorité gouvernementale. Il ne doit pas y avoir de déshonneur à constater des divergences. Par contre, ce serait une faute de considérer que le PC est désormais dans l’opposition. Surtout pas d’amalgame entre eux et la droite ! » Alain Vidalies qui, hier soir, aux côtés du Premier ministre, a reçu une délégation de sénateurs communistes à Matignon. Une rencontre courtoise où chacun a défendu ses positions.